• perfect day- Lou Reed

    A force de revoirs succédés, les côtoiements nous assomment. Et les gens des jours ouvrés et moi, mes gens que j'affectionne, on s'ensommeille pourtant à se réciter des mantras d'habitude. Des rituels de paroles qui tiennent aussi bien l'étranger que l'importun, au près et au loin. Et tout cet ennui creuse des appétits de regards, des nécessités d'exhauster, des volontés de franchir qui se disproportionnent au silence.
    Alors, pour un peu de trouble, les mots rattrapent les pensées et rendent audibles les intérêts avec des airs de funambule. On lance à l'envol les sournoiseries de séduction qui intercalent un battement entre deux bruits sourds, et s'évanouissent aux futilités amnésiées. Pour le frisson de plaire, on s'accomplice en associations de bienfaiteurs, on parfait nos crimes de propos accoquinés et de concupiscences sans preuve. Les fusillades sont à blanc, affranchies des comptes à rendre : on s'arrange avec l'innocence. On glisse à l'omerta des amours honnêtes quelques coups de couteau adultes où percent les vérités qui auraient pu.
    Et donc, j'en suis là, au désoeuvrement, parce qu'il faudrait m'étreindre, que ces journées ne sont pas faites pour les humains, et je tourne doucement délinquant pour tromper l'absurde. Je guette le mauvais coup, un forfait de sang, un pouls à crépiter à deux. Mais avec mon sens des limites, j'aurai mon content de me faire seulement rabrouer : la ruade épargne les apparences, et des deux côtés du sabot, on se catapulte aux narcisses. De toutes mes victimes de boulevard, je choisis l'improbable, l'enracinée aux premières amours. Je m'accroche au fil de ses mots, je les égraine, soupèse entre mes joues les revers qu'ils pourraient endurer. Au candide, je bondis, cingle une répartie et induit en équivoque une proposition déjà dix fois parjurée. Et je languis mes ecchymoses.
    D'un regard vrai comme les cris d'enfant, d'une réplique retenue en bouche suspendue, du rouge gagné aux joues, la réalité tombe comme une averse et je vois le simulacre changé en plomb.
    « Non,... rien. »


  • Commentaires

    1
    Matilde
    Mardi 6 Mars 2007 à 12:27
    .
    On dirait bien Frederick d'eric emanuel shmidt =)
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