• La femme adultère

     

     

    Quand il soufflait sur ton corsage

    Le vent de la misericorde

    Comme un pendu au bout d' sa corde

    Je balançais

     

     

    Quand il soufflait sur nos voyages

    Le vent de la déséspérance

    Comme un pendu sur sa potence

    Je desséchais

     

    Et quand il soufflera l'amour

    Aux voiles de ton beau navires

    Afin que nul ne puisses en rire

    Je le tuerai

     

     

    (Léo Ferré* , "poetes a vos papiers")


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  • La masse humaine dort. L'unique bruit nouveau est ce machonnement dans l'obscurité : le vieil homme étendu sur son journal s'est redréssé sur un coud, a ouvert une boîte de conserve, et il mange avec serie de lapement comme font ceux qui n'on plus beaucoup de dents. Le fracas métallique du couvercle refermé me fait grimacer par sa laideur rêche. L'homme se couche, cherche une position confortable dans le froissement des pages de journal et bientôt commence a ronfler.

         Le jugement que j'essayais de retenir m'envahit, à la fois compassion et colère. J pense à ce magma humain qui respire comme un seul être, à sa résignation, à son oubli inné du confort, à son endurance face à l'absurde. Six heures de retard(le train). J e me tourne, j'observe la salle plongée dans l'obscurité. Mais ils pourraient très bien y passer encore plusieurs nuits. Ils pourraient s'habituer à y vivre ! Comme ça, sur un journal déplié, le dos contre le radiateur, avec une boîte de conserve pour toute nourriture. La supposition me paraît tout à coup vraisemblable. Un cauchemar très vraisemblables. D'ailleurs, la vie dans ce bourgades à mille lieues de la civilisation est faite d'attentes, de résignation, de chaleur humide au fond des chaussures. Et cette gare assiégée par la tempête n'est rien d'autre que le résumé de l'histoire du pays. De sa nature profonde. Ces espaces qui rendent absurde toute tentative d'agir. La surabondance d'espace qui engloutit le temps, qui égalise tous les détails, toutes les durées, tous les projets. Demain signifie "un jour, peut être", le jour où l'espace, les neiges, le destin le permettront. Le fatalisme...

      Je parcours, plutôt par dépit, ces sentiers battus du caractère national, ces questions maudites de la russité abordées par tant de têtes pensantes. Un pays en dehors de l' Histoire, le pesant héritage de Bysance, deux siècles de joug tartare, cinq siècles de sevrage, révolutions, Staline, East is East...

     

     

     

    Andreï  Makine   "la musique d'une vie"


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